Rentrée 25
J'ai toujours joué à la bonne élève, mais je préférais écrire des poèmes plutôt que faire mes devoirs.
Je n'ai plus l'âge d'aller à l'école, des "devoirs" j'en ai beaucoup et je n'ai toujours pas envie de les faire, alors pour marquer cette rentrée sous le signe de la poésie, je décide d'écrire un poème par jour, instantané, avec une photo du jour.
En hommage à mon grand-père Robert, qui écrivait de magnifiques poèmes et que je n'ai pas eu la chance de rencontrer. Pour ma mère qui m'a tant donné et dont je réalise quelques rêves, pour qu'elle ne perde jamais son inspiration poétique.
Un défi d'inspiration et de constance, un ancrage de mots là où je n'ai plus de domicile fixe, où les certitudes finissent en fumée, et où seul compte l'élan de vie, passionné, de vivre pleinement avec plus de conscience et d'intégrité, de joie et d'amour.
L'écriture est une manière de transmuter les ombres et de créer sa réalité.
Voici mon poème de rentrée, brut, avec tout ce qui grouillait de vivant en moi. Je lâche la perfection et je lâche tout jugement. Juste des mots qui jouent ensemble à la récré.
Pour changer de regard, sonder mon intérieur et être plus présente à ce que je vis.
Cécile Papillon 🦋
Poème #1
2 septembre 2025
Un jour de rentrée
à demi étourdie
d’errances amères
je roule en boule dans mon cœur chiffonné
nuages à l’horizon
sans savoir où je vais
je roule vers la mer
diktat de la rentrée
je n’ai pas de cahiers
pages envolées
à l’école buissonnière
j’ai couru vers mes rêves
je me sens essoufflée
à gravir les montagnes
nager à des années lumière
à contre courant
J’ai pourtant vu des poissons volants
Ce matin les oiseaux bringue balants
s’accrochent aux branches
un chat dans la gorge
on leur a toujours dit
qu’ils ne savaient pas voler
et si tu lâchais enfin ta volonté ?
Corps en déséquilibre,
Peux-tu juste accueillir
le blues et la grâce d’être en vie
respirer en ton âme
l’esprit
et danser comme s’il était possible
de voler
Danser les pieds sur terre
prendre le droit de ne rien faire
un jour de rentrée

photo devant une école à Auray, Bretagne
Poème #2
Où est la clé ?
tout est sang dessus dessous
en moi l’écho d’une terre
en guerre
c’est l’éclatement
je crois que j’ai peur
comme une enfant
la tour de garde me regarde
tour à tour je me méprends
je sens arriver au loin la puissance
d’un grand vent je suis emportée
suffit-il de savoir tourner
avec le vent pour qu’il soit mon allié ?
tu as éparpillé des bouts de toi
des affaires par ci par là
En pensant que tu finiras bien
quelque part
par te sentir bien
quelque part…
si longtemps nomade
tu ne sais pas où tu t’arrêteras
où tu poseras
ton corps perdu
où tu vivras
ta terre promise
Rage
d’avoir accepté tant d’années
d’être en exil
tu as juste trouvé le courage
d’écouter la voix qui dit “trouve la clé, c’est terminé”
tu entrevois
une île !
Ils ont essayé de te dissuader
alors qu’il suffit d’y croire
et de t’en remettre à Sa volonté
ils ont essayé de te diminuer
de t’attacher
alors que tu ne peux t’empêcher
de repousser les murs de crier de déborder
tu en mets partout
de la vie
tu ne peux plus contenir
ton expansion
ni te retenir d’exister
ni t’excuser de ton chaos
Il faudrait un tremblement de terre pour que tu perdes tes esprits
et même dans un tremblement de terre
tu ne perdrais pas ton seul guide
le grand Esprit
Longtemps j’ai fait ce rêve
qui devenait cauchemar
j’étais capable de voler
je m’élançais vers le ciel,
et là des hommes couraient de plus belle
pour me rattraper
ils m’attrapaient les chevilles
me privant de ma liberté,
je me retrouvais des boulets aux pieds.
Il faudrait un tremblement de terre
pour que je finisse par m’écrouler
ensevelie vivante
même si j’ai grandi sur des ruines défaillante
à chaque fois que j’ai perdu pieds
il y avait la mer pour me bercer
je connais une femme extraordinaire qui a dansé l’amour
avec un dauphin dans la mer
quand on aime y a pas de barrières
et quoi qu’il se passe sur terre
tu es et seras toujours aimée
Tant pis si tu éparpilles tes affaires
si tu cherches ta maison
tu finiras bien par la trouver
la clé
tu es en chemin
vers ta liberté
Respire
tu es chez toi
tu es arrivée
entre en toi et repose-toi
de tes insomnies
mais gare à toi si tu t’endors
somnambule dans la nuit d’or
23h23 tu ne verras pas
tes rêves en miroir
assoupis dans un tiroir
somnambule sans le savoir
tu te retrouveras dans le placard
est-ce réel ce cauchemar ?
ouvre les yeux et réveille toi !
retourne-toi dans la bonne direction et marche
La vie est grande
et tous les chemins mènent au mystère
Il est là devant toi
ouvre la porte
respire l’air frais et le soleil
tu n’as plus besoin de clé
laisse-toi guider seulement
par le frémissement de ton âme
où le vide lumineux
danse Dieu
dans tes mains

Poème #3
D’une main légère
elle joue
à suivre le vol des hirondelles
de la poussière elle se soulève
le grand chêne danse de plus belle
à ses pieds des racines profondes
Elle entend alors les pas
d’une biche qui apparaît
entre les blés frêles son faon s’affole
elle dans son cœur fauve
elle bondit de gaité
elle foule la tendresse de la rosée
c’est la fin de l’été
En cadence elle chante
les rêveries caduques
de sa vie sauvage
frémissent au vent les feuilles
libres des lendemains
telle la feuille elle sait
qu’un jour elle saura se détacher
qu’un jour peu lui importera
la ville qui l’emmure et l’étrique
dans les roulements assourdissants
des moteurs effrénés
des mâchoires serrées
des 400 coups d antan
elle se moquera de choisir
100 grammes de bonheur sans rougir
la banque qui irait avec sa vie
elle n’aura plus le temps
de se perdre dans les déviations,
ni de se balader en rose
dans les chantiers interdits
Telle la feuille orange elle sait qu’un jour
elle n’aura plus peur d’aimer
Finie la java au feu rouge
l’impatience feutrée
devant un feu vert
peu lui importera
de la statue bleu de la modernité
Miss Dior en drapé dénudée
la nouvelle élégance en or
qui n’ose s’indigner
si elle se retrouvait résignée
au pied d’un faux sanctuaire consommée
si elle faisait l’aumône le soir
sans réussir à s’en sortir
si elle n’avait besoin de rien
de rien d’autre qu’un sourire…
elle flairerait alors
les commissures des lèvres
mais les commissaires
ils s’affairent en retard car
on leur a dit attention
une retraite ça se prépare
un mariage aussi
ils sont tous tombés amoureux
des engrenages
de leurs carnages
…
bientôt elle n’aura plus
besoin de rien
elle traversera au feu vert
boulevard de la liberté
elle sentira un vent de lumière
dans les yeux de son bien-aimé
elle saura au creux de ses mains
la patience bâtisseuse
dans la chaleur des pierres
elle se recueillera
dans la beauté des cathédrales
au creux de ses mains
Elle ne vivra de rien
elle se soulèvera
et un jour poussière elle retournera
une main légère la guidera
là où s’envolent les hirondelles

Poème #4
PRIER
c’est me relier à l’infime caresse
d’un rayon de soleil
c’est savourer le miel
du bout de ma langue
un goût d’éternité.
Prier
c’est faire acte de présence
écouter dense
les sens affinés
ne faire plus qu’une avec la réalité
et remercier pour cette fête
à laquelle je suis conviée
Prier
c’est poser mes mains sur le ventre
de la terre,
la sentir et la remercier,
c’est pouvoir m’émerveiller
Prier
c’est prendre en mon cœur toutes les guerres
d’abord les miennes les apaiser
c’est oser danser mes colères
être en lien avec plus grand
quand le doute survient,
c’est suivre l’appel de mon âme
y croire et me laisser guider
Prier
c’est bénir mes amours perdus
embrasser le chagrin
remercier chacun d’avoir été
sur mon chemin
Prier
c’est honorer le grand amour
le divin celui qui ne va pas me quitter
c’est offrir de l’amour à mon désamour
boire à la source
ma puissance de vie
Prier
c’est ne pas tomber dans l’ennui
continuer de créer ma vie
en suivant ce pour quoi je suis
c’est lâcher ma volonté
accueillir la force divine
qu’elle devienne entièrement
force conductrice de ma vie
Ainsi soit-il !

Poème #5
TOUT COMMENCE
dans un jardin d’enfance
la joie et l’innocence
cueillir des boutons d’or
sous le menton ça faisait rire
si ça faisait jaune tu te souviens
c’est que tu aimais le beurre
et délicieusement un à un
enlever les pétales des pâquerettes
je t’aime un peu à la folie
ah oui un peu c’est déjà beaucoup
et des bouquets pour mon Papa
à la folie quand il était là
Retrouver mon jardin d’enfance
assise dans les herbes douces
je rêvassais longtemps sous le cerisier
présente avec tout ce qui est
dans ma joie d’exister
Dans ce jardin du bonheur
c’était un peu le paradis
je jouais avec mes deux sœurs
la troisième nous rejoindrait plus tard une voix m’avait dit
l’odeur d’une charlotte aux fraises Maman nous appelait pour goûter
c’était plein d’harmonie et de simplicité
Je ne savais pas que le paradis
pouvait un jour se dérober sous mes pieds
Quand Papa est parti
il nous a laissé
une blessure de vie
vie
o
lance
j’ai pourtant chaque fois essayé
de cacher la clé, de le supplier…
j’ai vu Maman pleurer trop d’années
mes petites sœurs apeurées
Papaouté je chantais comme Stromae…
Quand tout se reliera en toi
quand tout en toi dansera Dieu
tu sentiras que la souffrance est illusoire
que tu n’es jamais seule dans le noir
Donne ton corps à l’univers
ose rugir à l’envers
pour ne plus rougir, libère
transpire ce qui te serre
la rage au ventre
danse la douceur sauvage
deviens une lionne dans le noir !
Chère maison à la mer
tu t’es transformée en appart moquette marron en zup sud
square d’Italie pas en Italie
10 ans après je suis partie
seule oui dans la vraie Italie,
d’amour et d’eau fraîche je me suis nourrie
mais il n’y a pas d’amour heureux
je me suis mise en quête du clown
je n’avais plus envie de l’appeler Dieu
J’ai toujours eu une bonne étoile
des étoiles dans les yeux,
touchée par la grâce
j’ai pleuré de joie
comme une madeleine
j’ai chatouillé une limace
j’ai vu apparaître ses petits yeux
qui voulaient voir au bout de ses antennes
qui osait ralentir sa cadence
j’aimerais savoir si les limaces
elles ont déjà connu la haine
pour certains c’est vrai
qu’aimer un peu
c’est déjà beaucoup
et parfois un peu c’est vraiment beaucoup
ça a fait couler du noir sur mes joues
Puis un soir j’ai rencontré un poète ferrailleur
qui construit un village du bonheur
avec des bouts de rien
des bouts de son cœur
un sacré rêveur
un des plus fous et purs de cette planète
il m’a dit écoute
« à tenter joyeusement nos audaces, nous attirons les miracles »
Merci pour la ferveur des girouettes célestes
merci les cathédrales de bric et de broc
faites de saintes mains pas de pacotille
merci pour la folie des grandeurs
celle qui permet de voir plus loin
dans l’infini du ciel
je crois en ce chemin de l’âme
en ce jardin d’enfance
où chacun peut cultiver sa lumière
s’émerveiller et bâtir son humanité
Car un jour j’en suis sûre
les hommes jetteront leurs armes leurs idoles d’or
ils laisseront la source d’amour
remplir leur cœur et leur faim
ils bâtiront ensemble un jardin de paix
où ils se réuniront simplement
la main dans la main
Cécile Papillon

« L’utopie n’est pas facultative
notre survie en dépend » Robert Coudray, poète ferrailleur
Poème #6
D’OÙ NAÎT LE SOUFFLE ?
- Aah!
- B comme bébé
- O comme origine…
- Ovni tombée des étoiles ? ange tombé du ciel ?
- Elle est née un matiN de printemps violet à l’orée d’une forêt, elle ne se sentait pas séparée de l’univers
- D’où vient cette lumière, bleu indigo dans ses yeux verts ? Elle pose sur le monde insensé son regard, ouvert au mystère
- Son corps a grandi et souffert…elle s’est épanouie comme une rose , naïve elle a cru que c’était l’amour, les rouge baisers des contes de fée, l’innocence de sa générosité…mouillée sa joie essorée, cabossée, déboussolée…elle a fini par essuyer les tables et les plâtres
de la potiche qu’on a voulu en faire
- Une histoire de blasphème d’un idéal de la sainte et de la femme fatale. Statue de sale déesse, sucrée ou salée, on lui donne mille visages
- Elle a bien le droit de se pavaner de montrer ses couleurs, elle ne veut pas être sage
pas de poussinette en poussette
ni d’ogresse goulue en vedette
elle ne veut plus de ces miettes
elle dégouline de rires et d’extases
elle a de la lionne le noble courage
elle est la dragonne qui s’enflamme
elle est papillon qui vole
comme on lui disait à l’école
- Parfois elle se débat : les injonctions à être productive, c’est une mauvaise parodie !aujourd’hui elle voudrait juste se laisser être, sentir la source de son désir, vivre à partir de ses inspirations
- D’où naît le souffle ? Où retourne le souffle ?
- Les ondes bleues se déversent
sur ses ailes nues
elle danse sous l’orage cru
ses formes et forces abondent
les pluies profondes fécondent
Elle est abondance !
Elle écoute
le silence des nuages
où disparaissent les mirages
où coulent ses larmes
et de ses larmes essentielles naissent les arcs-en-ciel
aux nuées d’orange et d’or
elle demeure alors
pleinement en son cœur
elle arrose
ses graines de joie
les blancs jasmins étoilés,
les cosmos fushia passionnés,
les coquelicots sauvages,
les fleurs de la déesse Isis, les roses rouge et blanche, les dahlias du soleil, les lotus sacrés…
et elle entend :
- « Va et marche avec Dieu sans rien sur ton chemiN, perds toi et dépouille-toi dans la forêt sauvage, remonte vers la source et réveille-toi plus vivante ! Ramasse tous ces débris de toi…
de Sa force rayonnante tu peux tout recréer pourvu que tu sois douce, sens Son souffle, un pas après l’autre, présente à chaque pas que tu soulèves,
funambule de ta vie, rejoins l’autre rivage,
cueille le vide…suis l’appel
et n’aies crainte,
ton âme est libre et belle,
belle et rebelle ! »


Poème #7
PEAU-AIME d’automne
pour muer
changer de peau
se laisser pousser des ailes
dans les nuits blanches
et noires de l’âme
pour arriver enfin à l’aube
où la lune brille et s’habille de soleil
pour ne plus vouloir
avoir raison
et changer de saison
Accueillir l’automne
de ce qui se donne
enterrer les marasmes jaunes
corps poisons des salamandres
Muer
sentir le froid qui tombe sur le soir
allumer les encensoirs
humer les parfums du silence
danser d’amour
dans nos cathédrales
boire à la coupe pleine
de nos larmes vitales
attendre que la sève
redescende
dans les racines de nos rêves
attendre
l’heure où les feuilles sèches
soudainement
suivront le mouvement
de ce qui se détache
et meurt
lentement composter
tous les déchets du cœur
révéler sa véritable essence
Combien de peaux brûlées
pour se défaire des déconvenues de ce que l’on nous a inculqué
dans ce monde à l’envers
pour se libérer des vieilles pensées
de ce système pervers
à coup d’arsenic et de glyphosate
de malbouffe et de stress
on nous a filé le cancer
en manque de poésie
c’est pas bon pour la peau
manque de pot on nous a refilé
de l’herpès et de l’eczéma
eh oui
t’avais qu’à pas…
Comment changer de monde et retrouver l’osmose ?
J’ose
manifester à ma manière
contre la fatalité du désamour
j’ai chanté pour trois vaches
oui pour trois vaches dans un pré
parce que l’amour est dans le pré
et que les vaches, elles ont besoin d’amour
et que les laids
les vaches
c’est pas elles les vaches à lait
qu’on découpe en filets mignons
qu’on achète écrémé au supermarché
Où est passée notre humanité ?
Choc
du pigeon étourdi
qui se jette en plein vol
aveugle
dans la transparence amoureuse du ciel,
rejeté en miroir
par le froid reflet
de l’amour illusoire
Sortons les mots de tête barbares
des dépotoirs
des enfermoirs
soulevons la pourriture
d’un tissu social en dislocation
en fragmentation
où l’on congèle autant son rôti
que sa chaleur humaine
car le monde se déchaîne
c’est une course effrénée
loin des étoiles
la grande ourse
de nos étreintes desserrées
les poings fermés
nos cœurs insensibilisés
en face à face
gare aux Hesperides voleuses
des fruits interdits
des fruits d’or
elles seront bannies
à chacun sa survie !
Muer et même muter
Mutons pour ralentir
pour voir de nouveaux horizons
ne pas devenir des moutons
mutons pour ressentir
le vrai sens du mot
Je t’aime
pour découvrir qui aime
quand tu dis je t’aime ?
Redevenir Vivants !
Changer de voie
ensemble en fête
comme une foule de mouettes
qui perd un peu la tête
à rire dans tous les sens
surplombant la houle
des cris et des crises
en connivence céleste
Enivrons-nous !
car nous sommes tout
et nous ne sommes rien
glissons sur les déferlantes
avec volupté
sur les débordements du cœur
éclaboussant les colères salées du monde
Au loin la blanche hermine
hissée sur son drapeau breton
si fière ondule dans le vent
le clocher de la cité corsaire
élancé dans le ciel rougeoyant
s’étire pour toucher les étoiles
Chères femmes, chers hommes,
créatures de l’univers
nues dans l’eau qui a permis la vie
un jour vous le savez nous serons emportées
par la puissance des flots
ensemble nous nous éclipserons en même temps que le soleil derrière l’horizon
nous noierons alors nos pensées troubles
mais quel monde laisserons nous ?
Nos cœurs reliés à la mémoire des mers
dans le secret des origines
nous pourrons goûter
au silence de la chair
où nous connaîtrons la vraie lumière
Cécile Papillon
21 septembre 2025

Poème #8
LE CIEL TE DÉSIRE
Chaque nouveau jour
le rituel parfois cruel
de renaître au monde
ré-habiter ton corps
comme si on t’avait jeter un mauvais sort
Résonance dedans et dehors
de tout ce qui t’assaille
des faims qui tenaillent
broient les entrailles
et tout ce qui te noie
tes enfermements dans les pauvres loyautés
de tes attachements féroces
où tu te veux fidèle
jusqu’à l’écœurement
d’ailleurs comment cela pourrait être autrement
tu te vois trop petit
on te coud des étiquettes
tu t’habilles de fausses modesties
tu grandis à l’étroit
des ´tu n’as pas le droit’
on te demande de te définir
on t’oblige à réussir
mais tu reviens de loin
tu te sens clandestin
sans papier pas d’identité
tu attends la délivrance
derrière la porte des souvenirs
frappe à coup de solitude
la menace d’un destin
sans tribu
puis un jour ordinaire
sans histoires
une rencontre extraordinaire
un plaisir simple qui aiguise tes sens
en un instant envoûte ta présence
une odeur familière
monte à tes narines et se répand impétueusement
tu inspires une essence sacrée
tu as le vertige
tu retrouves ta totalité
Ce n’était pourtant qu’un fond de café
juste une saveur de café
pour goûter en toi l’illimité
Éclosion d’amour
dans le ciel rose
où tout se recompose
entre lumière et obscurité
enfin tu oses vibrer
entre la terre et les éclairs
le ciel te désire
l’eau te désire
tout te désire
tu éclates de rire !
Qu’il est bon d’être près de Toi
entre la mer et les éclairs
Toi qui me désires comme le ciel et la terre
Toi qui m’écoutes et me bénis
par tes mains chaudes et solennelles
Tu m’offres l’énergie de Vie
Tu honores le noyau incandescent de mon âme-corps
au cœur du grand rêve d’or
dans les effondrements du corps
dans les égarements
de Neptune à Saturne
peu importe si Vénus ou Pluton
en chute libre
dans les étoiles ineffables
dans Tes mains
je m’abandonne au divin
Félicité !
Un mot sort et ce n’est peut-être qu’un mot mort
ou un sortilège
les mots vivants
soignent des maux
mais les maléfices
ces mots-artifices qui prennent corps
dans ton verbe sacrilège…
Parler
n’est-ce pas comme labourer une terre
lui offrir les bons mots pour la rendre fertile ?
quand les pensées assassinent
une parole suffit pour rompre le mauvais sort
un silence est d’or aussi
pour rendre hommage aux oiseaux morts
et aux hommes qui ne chantent plus
la Paix commencera
par les mots-silence
les mots-joie
Sur le seuil invisible de la fin
la lueur d’un recommencement
quand tout s’est effondré
tu n’as pas vu au creux de ta blessure
l’éternité
tu as tenté de ramasser
tout ce à quoi tu tiens
tu es tombé dans les épines
Tu n’iras pas plus loin
que sur le sol fertile
des fondations intactes de ton être
tu ravaleras ta fierté
les rafales de ta volonté
les fleurs bleues de ton dragon en feu
tu ne regarderas plus le ciel comme s’il allait t’écraser
tu lui offriras ton visage
une pluie d’amour coulera sur tes joues
tu diras adieu à ce qui n’est plus
et tu goûteras
à ce que tu as toujours été

✨✨✨✨
Cécile Papillon 🦋

Poème #9
AU CREUX DE MON ÊTRE
Avec des perles de soleil
j’égrène le premier jour du reste de ma vie
Ô mon soleil Sole mio
fidèle au réveil de nos visages
après les râles de la nuit
tu nous donnes tes caresses sages
tu prends soin de notre vie
Blottie au creux d’un hêtre
j’écoute
la profondeur du silence
le frémissement du papillon
naïvement posé sur des ronces
la mélodie de l’araignée qui tisse et retisse sans fin la toile
de sa reine niée
assise au creux de mon être
j’ai déposé mes armes et j’ai pleuré
Au-delà de la peur de risquer
il y a la grandeur d’une promesse
le parfum éternel
d’une rose prête à se délester
Le grand hÊtre m’entoure de sa force
le vent sèche mes longs sanglots
je vois celle qui se cache
petite derrière les roches pourpre
celle qui danse seule avec son ombre de tristesse
depuis trop longtemps sans attache sans noblesse
le dos courbé désenchantée
je vois celle qui a trop porté
celle qui ne trouve plus sa voie
celle qui aimerait chanter
Au creux de mon oreille
un ange a murmuré :
Au bout de tes forces
il y a un chemin lumineux
À pas de loup dans la forêt
entre dans le velours de ton âme
verse tes douces larmes
sur la bruyère sauvage
respire la paix du lac
où le ciel se repose
dépose tes rancœurs
sur la terre humide
sens l’odeur de l’humus
sens-tu ton humilité ?
Au centre du silence
il y a une place dense
pour ton corps
réceptacle du sacré
temple de la vie et de la mort
prends-tu le temps de l’honorer ?
Au bord du doute
il pleut
ta vie t’attend en stop sur la route
tu peux tourner en rond au rond-point
ou faire un pas de danse ce serait bien
en direction de la lumière
regarde ce n’est pas si loin
Au bout de ton courage
tu trouveras les graines que tu as planté
les racines profondes
de ton nouvel être au monde
Même dans l’épreuve au fond des abysses
tu as le choix de vivre
de dire merci et de pardonner
Au bout du souffle
quand tes ombres se battent pour atteindre la lune
quand tu te blesses à chaque coup
et tu t’épuises en vain
ouvre grand ton oeil divin
comme une pleine lune
éclaire les ombres dans leurs décombres
et danse avec la nuit
l’évidence de ta lumière
Au dessus des murailles de feu
vole l’oiseau en quête d’absolu
maintenant tu es libre
fais un voeu !
N’oublie pas que tu es un enfant prodige
un être sacré qui aime jouer
exprimer risquer et manifester
affirme-le haut et fort
si tel est ton manifeste
il en est de ton ressort
oui c’est un pari
et tu es béni
Si un jour tu construis une cathédrale
dans un champs de misère
un chef d’œuvre de terre et de joie
pour les familles pour les mères
qui ont tout perdu dans les ruines de la guerre
Si tu construis une cathédrale
laisse le vent dissiper les brumes
en haut du clocher fait briller ton étoile
lâche la tête, compte 7 fois rien
il est temps de lever les voiles
de recouvrir d’or les failles
sous la grande coupole
sois folle
ferme les yeux lève les bras
tourne au milieu des milliers de fois
sous les arcs de ta conscience
danse ta prière
remercie la terre
le ciel est bleu tu verras
Si tu ouvres grand les portes de ton cœur
laisse entrer l’Amour
inondé de Son souffle tu seras guidé
aies la foi et suis Sa voix
Tout est possible à chaque instant
tout peut finir en un instant
Simplement si tu y crois
que choisis-tu de tisser
à chaque premier souffle sur la toile de ta vie ?
merci à Robert Coudray
Hervé Leprêtre
Georgina Delicias
Muriel Anahata
pour votre amitié, votre lumière, vos œuvres, vos perles de sagesse
qui m’ont inspiré ce souffle poétique
✨✨✨✨
9 octobre 2025
Cécile Papillon

La cathédrale du Poète Ferrailleur - Lizio

Poème #10
À UNE VIE NOUVELLE
Un saut dans l’inconnu
choisir une vie nouvelle
quitter des murs moisis
prendre le risque de son intuition
sans connaître la destination
Lorsque l’oiseau ose sortir de sa cage
et découvre qu’il est libre
les sourcils rugueux se froncent
les drapeaux brandissent les frontières
les alarmes stridentes sonnent l’heure
les poings serrés se lèvent
Échapper aux maux dits
du verbiage cinglant soit-disant cartésien
échapper au venin des plus reptiliens
quand la peur de mourir dicte le chemin
De bénédictions en malédictions
à l’éberluée, à la médusée à l’indomptable
on a mal dit
lâchement
on a lâché la main
à cette comédienne qui exagère
qui fait des drames pour un rien
qui joue sûrement un mauvais tour
toujours prête à faire un scandale
dans tous ses états
elle peut bien supporter l’insupportable
porter l’insoutenable
puisqu’elle a choisi d’être hors cases
il faut bien qu’elle se plie
elle ne va quand même pas en mourir
qu’elle reste debout au milieu des déchets
ces filles étranges qui rasent les murs de leurs regrets
ces sidérées folles inconsidérées
elles n’avaient qu’à être comme c’était décidé
Malgré toutes ces histoires
au fond de l’être la seule voie
respirer
remercier
pardonner
Ensevelie dans un trou d’égoûts
J’ai été niée dans ma nécessité vitale
le cœur à l’envers de dégoût
j’ai marché les yeux fermés sur les eaux du miracle
je n’ai pas succombé à la gravité de l’immonde
de la norme sévère qui lacère
j’ai essayé de rentrer dans les clous
se boucher le nez dans cette boucherie
rester en apnée jusqu’à l’asphyxie
Malgré toutes ces histoires à vomir debout
au fond de l’être la seule voie
respirer
remercier
pardonner
Si tu bouge un pion attention
tu peux finir échec et mat
perdre tout pouvoir
car il faut bien être réaliste
on te l’a dit mille fois tu n’y arriveras pas
bien sûr tu as de la chance parfois mais n’y compte pas
continue à te boucher le nez dans l’impossible
sans contrefaçon ça ira
Au fond de toi malgré toutes ces histoires
Respire
pardonne
et remercie la Vie
Quelques génies prêts à tout ont réalisé leurs visions
leur folle sagesse pour seule victoire en oubliant les saisons
ils ont vécu avec l’audace et la naïveté d’un enfant
donnant tout à leur création
seule issue contre la machination
la perte de sens
l’extinction du monde
contre les emberlifications des belles aux bois dormant
leur courage entêté pendant des nuits entières
à creuser penser construire chercher
à résoudre rater recommencer
à créer sans argent à contre courant
eux seuls sacrifiés pour le monde entier
héros de leur vie
Ignorés
héroïnes
quelques unes enfermées sombrant dans la folie
hommage à Camille Claudel
à son coeur d’Implorante, de Chienne affamée,
à sa Valse éternelle
Malgré toutes ces histoires
au fond de l’être la seule voie
respirer
pardonner
et remercier la Vie
Les moulins à vent clignotent dans la nuit
comme les yeux rouges de celles qui ont renoncé
qui se plient à ce qu’on leur a dit
le regard bas elles n’iront pas plus bas
on leur a fait douter
et elles se disent peut être que finalement
ça ne pue pas tant que ça
alors elles se taisent
elles avalent machinalement
Au fond de l’être la seule voie
Respirer
pardonner
et remercier la Vie
Comme un dimanche matin où je roulais libre et insouciante
ils m’ont arrêtée la fleur au fusil
c’était normal
ils m’ont mis un truc dans la bouche pour me contrôler
ça ressemblait à un petit phallus nerveux
ils m’ont dit de me le mettre sous la langue, de le glisser dans tous les recoins de ma bouche
c’était un contrôle ordinaire
d’une violence ordinaire
mes larmes excessives
normal pour une comédienne
normal leur rire lascif sarcastique
de flics qui jouent à la guerre
avec une femme trop légère
Où vas-tu
contre la loi sournoise
des armées en armures
qui surveillent sanctionnent et dominent tout
les femmes sauvages
ils voudraient les museler
avec leur art, leurs passions peu sérieuses, leurs questions de survie
mais quand les violons ne joueront plus
quand les danses ne danseront plus
quand les peintures ne peindront plus
quand les chants ne chanteront plus
perlera le sang de la terre
pleurera l’aride désert
Et malgré toutes ces histoires
au fond de l’être la seule voie
respirer
pardonner
remercier
Vous femmes libres !
artistes en voie d’extinction
que votre pouvoir soit sanctifié
on vous a assez sacrifiées
ne laissez pas s’éteindre votre art
demandez et vous recevrez
ayez la foi et vous goûterez
aux parfums divins des roses
aux sommets éternels
Du pestilentiel au providentiel
de toutes vos forces de vie
demandez aux étoiles
écoutez le grand silence du mystère
tournez-vous vers votre idéal
dansez vos peurs
embrassez vos sœurs
Au fond de l’être la seule voie
se laisser traverser par la foi
l’Amour est notre seule loi
Femmes hors du temps
idéalistes et battantes
en rouge et noir
nous sommes bien vivantes
en bleu blanc rouge
exigeantes, résilientes
en or nous goûtons le pouvoir
de nos larmes
nous lisons les pensées des arbres
nous guérissons alchimisons dans le monde subtil
de nos ventres généreux nous donnons la vie
nos yonis infinies aspirant à la grande union
avec l’entièreté du corps du cœur et de l’esprit
nous accueillons en nous la conscience
nous ne croyons pas les idéologies qui gouvernent le monde
nous nous tournons vers l’Amour infini
assoiffées d’éternel à la source d’Isis et d’Orion nous nous abreuvons
nous venons déployer ici bas la vertigineuse utopie
les yeux rivés sur la voie lactée
pour ne pas succomber aux calomnies, aux ombres des fausses histoires
inondées d’espoir
nous marchons sur nos sentiers solidaires
porteuses de lumière pour l’humanité
nous élevons les enfants de la terre
nous vivons et prions
pour les cieux de misère
nous donnons sans compter en offrande
la douceur de nos mains
enivrées en notre âme
des parfums divins de nos jardins
nous tournons en drapés blancs
les bras ouverts au cœur des cathédrales
nous accueillons le monde qui tourne à l’envers
nous dansons flamboyantes
dans le silence du vent
comme les érables rouge
dans la beauté du soleil d’automne
ensemble nous chantons Alléluia
nous œuvrons pour rendre visible l’invisible
nous élevons nos cœurs pour que l’Amour ne soit plus une utopie
pour voir en chaque être se manifester ce qu’il a de plus sacré
Au fond de nous pour tout cela
nous respirons
nous pardonnons
nous remercions pour la beauté de la vie
nous sourions
aux oiseaux sauvages qui s’envolent de leur cage et traversent le ciel même dans les nuages
en direction du soleil qui se lève
✨✨✨✨
22 octobre 2025
Cécile Papillon


Poème #11
RÉCONCILIER LE CIEL ET LA TERRE
Réconcilier le Ciel et la Terre
passer à travers
ce qui est donné à vivre d’intensité
de peur de colère
dans le bouillonnement du sang
dans les soubresauts de l’être
L’esprit du Serpent l’enserre
la femme Sorcière
autour de ses hanches il s’enroule
il transperce son temple jusqu’à son coeur
il semblerait qu’il l’étrangle
tant qu’elle ne le laisse pas entrer tout entier
elle pourrait défaillir, se laisser mourir
hurler qu’il va la tuer
mais elle retrouve sa puissance
elle accueille le serpent comme le cosmos
éblouissante réunion en son temple
son âme entière danse avec les forces de la lumière qui s’est faite chair
Elle devient Prière
✨✨✨✨
Cécile Papillon
24 octobre 2025


 
                 
                             
											