Rentrée 25

J'ai toujours joué à la bonne élève, mais je préférais écrire des poèmes plutôt que faire mes devoirs.

Je n'ai plus l'âge d'aller à l'école, des "devoirs" j'en ai beaucoup et je n'ai toujours pas envie de les faire, alors pour marquer cette rentrée sous le signe de la poésie, je décide d'écrire un poème par jour, instantané, avec une photo du jour.

En hommage à mon grand-père Robert, qui écrivait de magnifiques poèmes et que je n'ai pas eu la chance de rencontrer. Pour ma mère qui m'a tant donné et dont je réalise quelques rêves, pour qu'elle ne perde jamais son inspiration poétique.

Un défi d'inspiration et de constance, un ancrage de mots là où je n'ai plus de domicile fixe, où les certitudes finissent en fumée, et où seul compte l'élan de vie, passionné, de vivre pleinement avec plus de conscience et d'intégrité, de joie et d'amour.

L'écriture est une manière de transmuter les ombres et de créer sa réalité.

Voici mon poème de rentrée, brut, avec tout ce qui grouillait de vivant en moi. Je lâche la perfection et je lâche tout jugement. Juste des mots qui jouent ensemble à la récré.

Pour changer de regard, sonder mon intérieur et être plus présente à ce que je vis.

Cécile Papillon 🦋 

 

Poème #1

2 septembre 2025 

Un jour de rentrée 

 

à demi étourdie 

d’errances amères 

je roule en boule dans mon cœur chiffonné

nuages à l’horizon 

sans savoir où je vais

je roule vers la mer

diktat de la rentrée 

je n’ai pas de cahiers

pages envolées

à l’école buissonnière 

j’ai couru vers mes rêves 

je me sens essoufflée 

à gravir les montagnes 

nager à des années lumière 

à contre courant 

J’ai pourtant vu des poissons volants

Ce matin les oiseaux bringue balants

s’accrochent aux branches 

un chat dans la gorge 

on leur a toujours dit 

qu’ils ne savaient pas voler 

et si tu lâchais enfin ta volonté ?

Corps en déséquilibre,

Peux-tu juste accueillir 

le blues et la grâce d’être en vie 

respirer en ton âme 

l’esprit 

et danser comme s’il était possible

de voler 

Danser les pieds sur terre 

prendre le droit de ne rien faire 

un jour de rentrée 

photo devant une école à Auray, Bretagne

 

Poème #2

Où est la clé ?

 

tout est sang dessus dessous

en moi l’écho d’une terre 

en guerre 

c’est l’éclatement

je crois que j’ai peur

comme une enfant 

la tour de garde me regarde

tour à tour je me méprends 

je sens arriver au loin la puissance

d’un grand vent je suis emportée  

suffit-il de savoir tourner

avec le vent pour qu’il soit mon allié ?

 

tu as éparpillé des bouts de toi

des affaires par ci par là 

En pensant que tu finiras bien

quelque part 

par te sentir bien 

quelque part…

si longtemps nomade 

tu ne sais pas où tu t’arrêteras 

où tu poseras

ton corps perdu 

où tu vivras 

ta terre promise

 

Rage

 d’avoir accepté tant d’années 

d’être en exil 

tu as juste trouvé le courage 

d’écouter la voix qui dit “trouve la clé, c’est terminé”

tu entrevois 

une île !

 

Ils ont essayé de te dissuader

alors qu’il suffit d’y croire 

et de t’en remettre à Sa volonté 

ils ont essayé de te diminuer 

de t’attacher

alors que tu ne peux t’empêcher

de repousser les murs de crier de déborder 

tu en mets partout 

de la vie

tu ne peux plus contenir 

ton expansion

ni te retenir d’exister

ni t’excuser de ton chaos 

 

Il faudrait un tremblement de terre pour que tu perdes tes esprits 

et même dans un tremblement de terre

tu ne perdrais pas ton seul guide 

le grand Esprit 

 

Longtemps j’ai fait ce rêve 

qui devenait cauchemar

 j’étais capable de voler

 je m’élançais vers le ciel,

et là des hommes couraient de plus belle

pour me rattraper 

ils m’attrapaient les chevilles 

me privant de ma liberté, 

je me retrouvais des boulets aux pieds. 

 

Il faudrait un tremblement de terre 

pour que je finisse par m’écrouler 

ensevelie vivante 

même si j’ai grandi sur des ruines défaillante

à chaque fois que j’ai perdu pieds 

il y avait la mer pour me bercer

je connais une femme extraordinaire qui a dansé l’amour

avec un dauphin dans la mer

quand on aime y a pas de barrières 

et quoi qu’il se passe sur terre

tu es et seras toujours aimée 

 

Tant pis si tu éparpilles tes affaires

si tu cherches ta maison 

tu finiras bien par la trouver 

la clé  

tu es en chemin

vers ta liberté  

 

Respire

tu es chez toi 

tu es arrivée

entre en toi et repose-toi

de tes insomnies 

mais gare à toi si tu t’endors

somnambule dans la nuit d’or

23h23 tu ne verras pas

tes rêves en miroir 

assoupis dans un tiroir 

somnambule sans le savoir

tu te retrouveras dans le placard

est-ce réel ce cauchemar ?

ouvre les yeux et réveille toi !

retourne-toi dans la bonne direction et marche 

La vie est grande

et tous les chemins mènent au mystère  

Il est là devant toi 

ouvre la porte 

respire l’air frais et le soleil

tu n’as plus besoin de clé 

laisse-toi guider seulement 

par le frémissement de ton âme 

où le vide lumineux

danse Dieu 

dans tes mains 

Poème #3 

D’une main légère

elle joue 

à suivre le vol des hirondelles

de la poussière elle se soulève 

le grand chêne danse de plus belle 

à ses pieds des racines profondes 

Elle entend alors les pas 

d’une biche qui apparaît

 entre les blés frêles son faon s’affole 

elle dans son cœur fauve

 elle bondit de gaité 

elle foule la tendresse de la rosée 

c’est la fin de l’été 

 

En cadence elle chante 

les rêveries caduques

 de sa vie sauvage

frémissent au vent les feuilles

libres des lendemains 

telle la feuille elle sait 

qu’un jour elle saura se détacher 

qu’un jour peu lui importera

la ville qui l’emmure et l’étrique

dans les roulements assourdissants 

des moteurs effrénés 

des mâchoires serrées 

des 400 coups d antan 

elle se moquera de choisir

100 grammes de bonheur sans rougir 

la banque qui irait avec sa vie 

elle n’aura plus le temps

 de se perdre dans les déviations,

ni de se balader en rose 

dans les chantiers interdits  

Telle la feuille orange elle sait qu’un jour 

elle n’aura plus peur d’aimer 

Finie la java au feu rouge

l’impatience feutrée 

devant un feu vert

peu lui importera 

de la statue bleu de la modernité 

Miss Dior en drapé dénudée 

la nouvelle élégance en or 

qui n’ose s’indigner 

 

si elle se retrouvait résignée 

au pied d’un faux sanctuaire consommée  

si elle faisait l’aumône le soir 

sans réussir à s’en sortir 

si elle n’avait besoin de rien 

de rien d’autre qu’un sourire…

elle flairerait alors

les commissures des lèvres 

mais les commissaires 

ils s’affairent en retard car 

on leur a dit attention

une retraite ça se prépare 

un mariage aussi 

ils sont tous tombés amoureux 

des engrenages

de leurs carnages

 bientôt elle n’aura plus

 besoin de rien 

elle traversera au feu vert

boulevard de la liberté 

elle sentira un vent de lumière 

dans les yeux de son bien-aimé 

elle saura au creux de ses mains

la patience bâtisseuse 

dans la chaleur des pierres 

elle se recueillera  

dans la beauté des cathédrales 

au creux de ses mains

Elle ne vivra de rien 

elle se soulèvera 

et un jour poussière elle retournera 

une main légère la guidera 

là où s’envolent les hirondelles 

 

Poème #4

PRIER

 

c’est me relier à l’infime caresse 

d’un rayon de soleil

c’est savourer le miel 

du bout de ma langue 

un goût d’éternité. 

 

Prier 

c’est faire acte de présence 

écouter dense

les sens affinés 

ne faire plus qu’une avec la réalité

et remercier pour cette fête 

à laquelle je suis conviée

 

Prier 

c’est poser mes mains sur le ventre

de la terre, 

la sentir et la remercier, 

c’est pouvoir m’émerveiller

 

Prier 

c’est prendre en mon cœur toutes les guerres 

d’abord les miennes les apaiser 

c’est oser danser mes colères 

être en lien avec plus grand  

quand le doute survient,

c’est suivre l’appel de mon âme

y croire et me laisser guider 

 

Prier

c’est bénir mes amours perdus

embrasser le chagrin 

remercier chacun d’avoir été

sur mon chemin

 

Prier

c’est honorer le grand amour

le divin celui qui ne va pas me quitter

c’est offrir de l’amour à mon désamour  

boire à la source 

ma puissance de vie 

 

Prier

c’est ne pas tomber dans l’ennui

continuer de créer ma vie

en suivant ce pour quoi je suis

c’est lâcher ma volonté

accueillir la force divine 

qu’elle devienne entièrement

force conductrice de ma vie 

 

Ainsi soit-il ! 

Poème #5

TOUT COMMENCE 

dans un jardin d’enfance

la joie et l’innocence

cueillir des boutons d’or 

sous le menton ça faisait rire

si ça faisait jaune tu te souviens

c’est que tu aimais le beurre

 

et délicieusement un à un 

enlever les pétales des pâquerettes  

je t’aime un peu à la folie 

ah oui un peu c’est déjà beaucoup 

et des bouquets pour mon Papa 

à la folie quand il était là 

 

Retrouver mon jardin d’enfance

assise dans les herbes douces

je rêvassais longtemps sous le cerisier

présente avec tout ce qui est 

dans ma joie d’exister

 

Dans ce jardin du bonheur

c’était un peu le paradis

je jouais avec mes deux sœurs

la troisième nous rejoindrait plus tard une voix m’avait dit 

l’odeur d’une charlotte aux fraises Maman nous appelait pour goûter 

c’était plein d’harmonie et de simplicité 

 

Je ne savais pas que le paradis 

pouvait un jour se dérober sous mes pieds

 

Quand Papa est parti

il nous a laissé 

une blessure de vie 

vie

o

lance

j’ai pourtant chaque fois essayé 

de cacher la clé, de le supplier…

j’ai vu Maman pleurer trop d’années

mes petites sœurs apeurées

Papaouté je chantais comme Stromae…

 

Quand tout se reliera en toi 

quand tout en toi dansera Dieu

tu sentiras que la souffrance est illusoire

que tu n’es jamais seule dans le noir

 

Donne ton corps à l’univers

ose rugir à l’envers

pour ne plus rougir, libère 

transpire ce qui te serre 

la rage au ventre 

danse la douceur sauvage 

deviens une lionne dans le noir !

 

Chère maison à la mer 

tu t’es transformée en appart moquette marron en zup sud

square d’Italie pas en Italie

 

10 ans après je suis partie 

seule oui dans la vraie Italie, 

d’amour et d’eau fraîche je me suis nourrie 

mais il n’y a pas d’amour heureux 

je me suis mise en quête du clown 

je n’avais plus envie de l’appeler Dieu 

 

J’ai toujours eu une bonne étoile 

des étoiles dans les yeux,

touchée par la grâce 

j’ai pleuré de joie

comme une madeleine 

j’ai chatouillé une limace

j’ai vu apparaître ses petits yeux 

qui voulaient voir au bout de ses antennes  

qui osait ralentir sa cadence 

j’aimerais savoir si les limaces

elles ont déjà connu la haine

pour certains c’est vrai 

qu’aimer un peu 

c’est déjà beaucoup 

et parfois un peu c’est vraiment beaucoup

ça a fait couler du noir sur mes joues

 

Puis un soir j’ai rencontré un poète ferrailleur 

qui construit un village du bonheur

avec des bouts de rien 

des bouts de son cœur  

un sacré rêveur

un des plus fous et purs de cette planète  

il m’a dit écoute 

« à tenter joyeusement nos audaces, nous attirons les miracles »

 

Merci pour la ferveur des girouettes célestes 

merci les cathédrales de bric et de broc 

faites de saintes mains pas de pacotille 

merci pour la folie des grandeurs 

celle qui permet de voir plus loin 

dans l’infini du ciel 

je crois en ce chemin de l’âme 

en ce jardin d’enfance 

où chacun peut cultiver sa lumière 

s’émerveiller et bâtir son humanité 

 

Car un jour j’en suis sûre

les hommes jetteront leurs armes leurs idoles d’or

ils laisseront la source d’amour

remplir leur cœur et leur faim 

ils bâtiront ensemble un jardin de paix 

où ils se réuniront simplement 

la main dans la main 

 

Cécile Papillon

« L’utopie n’est pas facultative 

notre survie en dépend »  Robert Coudray, poète ferrailleur 

 

Poème #6

D’OÙ NAÎT LE SOUFFLE ?

 

- Aah!

 

- B comme bébé 

 

- O comme origine…

 

- Ovni tombée des étoiles ? ange tombé du ciel ?

 

- Elle est née un matiN de printemps violet à l’orée d’une forêt, elle ne se sentait pas séparée de l’univers

 

- D’où vient cette lumière, bleu indigo dans ses yeux verts ? Elle pose sur le monde insensé son regard, ouvert au mystère 

 

- Son corps a grandi et souffert…elle s’est épanouie comme une rose , naïve elle a cru que c’était l’amour, les rouge baisers des contes de fée, l’innocence de sa générosité…mouillée sa joie essorée, cabossée, déboussolée…elle a fini par essuyer les tables et les plâtres 

de la potiche qu’on a voulu en faire 

 

- Une histoire de blasphème d’un idéal de la sainte et de la femme fatale. Statue de sale déesse, sucrée ou salée, on lui donne mille visages

 

- Elle a bien le droit de se pavaner de montrer ses couleurs, elle ne veut pas être sage

pas de poussinette en poussette 

ni d’ogresse goulue en vedette

elle ne veut plus de ces miettes 

elle dégouline de rires et d’extases

elle a de la lionne le noble courage 

elle est la dragonne qui s’enflamme

elle est papillon qui vole 

comme on lui disait à l’école

 

- Parfois elle se débat : les injonctions à être productive, c’est une mauvaise parodie !aujourd’hui elle voudrait juste se laisser être, sentir la source de son désir, vivre à partir de ses inspirations 

 

- D’où naît le souffle ? Où retourne le souffle ?

 

- Les ondes bleues se déversent 

sur ses ailes nues

elle danse sous l’orage cru

ses formes et forces abondent

les pluies profondes fécondent 

Elle est abondance !

 

Elle écoute

le silence des nuages

où disparaissent les mirages 

où coulent ses larmes

et de ses larmes essentielles naissent les arcs-en-ciel 

aux nuées d’orange et d’or 

elle demeure alors 

pleinement en son cœur 

elle arrose 

ses graines de joie 

les blancs jasmins étoilés, 

les cosmos fushia passionnés, 

les coquelicots sauvages, 

les fleurs de la déesse Isis, les roses rouge et blanche, les dahlias du soleil, les lotus sacrés…

et elle entend : 

 

- « Va et marche avec Dieu sans rien sur ton chemiN, perds toi et dépouille-toi dans la forêt sauvage, remonte vers la source et réveille-toi plus vivante ! Ramasse tous ces débris de toi…

de Sa force rayonnante tu peux tout recréer pourvu que tu sois douce, sens Son souffle, un pas après l’autre, présente à chaque pas que tu soulèves, 

funambule de ta vie, rejoins l’autre rivage, 

cueille le vide…suis l’appel

 et n’aies crainte, 

ton âme est libre et belle, 

belle et rebelle ! »

 

Poème #7

PEAU-AIME d’automne 

 

pour muer

changer de peau

se laisser pousser des ailes 

dans les nuits blanches 

et noires de l’âme 

pour arriver enfin à l’aube 

où la lune brille et s’habille de soleil 

pour ne plus vouloir

avoir raison

et changer de saison 

Accueillir l’automne 

de ce qui se donne

enterrer les marasmes jaunes 

corps poisons des salamandres

 

Muer

sentir le froid qui tombe sur le soir 

allumer les encensoirs 

humer les parfums du silence 

danser d’amour 

dans nos cathédrales 

boire à la coupe pleine 

de nos larmes vitales 

attendre que la sève

redescende

dans les racines de nos rêves 

attendre

l’heure où les feuilles sèches

soudainement  

suivront le mouvement

de ce qui se détache 

et meurt 

lentement composter 

tous les déchets du cœur

révéler sa véritable essence 

 

Combien de peaux brûlées

pour se défaire des déconvenues de ce que l’on nous a inculqué

dans ce monde à l’envers 

pour se libérer des vieilles pensées 

de ce système pervers 

à coup d’arsenic et de glyphosate

de malbouffe et de stress 

on nous a filé le cancer 

en manque de poésie 

c’est pas bon pour la peau 

manque de pot on nous a refilé 

de l’herpès et de l’eczéma 

eh oui 

t’avais qu’à pas…

 

Comment changer de monde et retrouver l’osmose ?

J’ose

manifester à ma manière 

contre la fatalité du désamour

 j’ai chanté pour trois vaches 

oui pour trois vaches dans un pré

parce que l’amour est dans le pré

et que les vaches, elles ont besoin d’amour

et que les laids 

les vaches

c’est pas elles les vaches à lait 

qu’on découpe en filets mignons 

qu’on achète écrémé au supermarché 

Où est passée notre humanité ?

 

Choc 

du pigeon étourdi 

qui se jette en plein vol

aveugle

dans la transparence amoureuse du ciel,

rejeté en miroir

par le froid reflet 

de l’amour illusoire 

 

Sortons les mots de tête barbares 

des dépotoirs

des enfermoirs 

soulevons la pourriture 

d’un tissu social en dislocation

en fragmentation

où l’on congèle autant son rôti

 que sa chaleur humaine

car le monde se déchaîne 

c’est une course effrénée 

loin des étoiles

la grande ourse

de nos étreintes desserrées 

les poings fermés 

nos cœurs insensibilisés 

en face à face

gare aux Hesperides voleuses

 des fruits interdits

des fruits d’or

elles seront bannies

à chacun sa survie !

 

Muer et même muter 

Mutons pour ralentir 

pour voir de nouveaux horizons 

ne pas devenir des moutons

mutons pour ressentir 

le vrai sens du mot

Je t’aime 

pour découvrir qui aime 

quand tu dis je t’aime ?

Redevenir Vivants !

 

Changer de voie 

ensemble en fête 

comme une foule de mouettes 

qui perd un peu la tête 

à rire dans tous les sens 

surplombant la houle 

des cris et des crises

en connivence céleste 

 

Enivrons-nous !

car nous sommes tout 

et nous ne sommes rien 

glissons sur les déferlantes 

avec volupté 

sur les débordements du cœur 

éclaboussant les colères salées du monde 

 

Au loin la blanche hermine 

hissée sur son drapeau breton

si fière ondule dans le vent 

le clocher de la cité corsaire

élancé dans le ciel rougeoyant 

s’étire pour toucher les étoiles 

 

Chères femmes, chers hommes,

 créatures de l’univers

nues dans l’eau qui a permis la vie

un jour vous le savez nous serons emportées

par la puissance des flots 

ensemble nous nous éclipserons en même temps que le soleil derrière l’horizon

nous noierons alors nos pensées troubles 

mais quel monde laisserons nous ? 

 

Nos cœurs reliés à la mémoire des mers 

dans le secret des origines 

nous pourrons goûter

au silence de la chair 

où nous connaîtrons la vraie lumière 

 

Cécile Papillon 

21 septembre 2025 

 

 

Poème #8

LE CIEL TE DÉSIRE

 

Chaque nouveau jour

le rituel parfois cruel 

de renaître au monde

ré-habiter ton corps 

comme si on t’avait jeter un mauvais sort 

 

Résonance dedans et dehors 

de tout ce qui t’assaille

des faims qui tenaillent

broient les entrailles 

et tout ce qui te noie 

tes enfermements dans les pauvres loyautés 

de tes attachements féroces 

où tu te veux fidèle 

jusqu’à l’écœurement 

 

d’ailleurs comment cela pourrait être autrement

tu te vois trop petit 

on te coud des étiquettes 

tu t’habilles de fausses modesties 

tu grandis à l’étroit 

des ´tu n’as pas le droit’ 

on te demande de te définir 

on t’oblige à réussir 

mais tu reviens de loin

tu te sens clandestin

sans papier pas d’identité 

tu attends la délivrance 

derrière la porte des souvenirs 

frappe à coup de solitude

la menace d’un destin

sans tribu 

 

puis un jour ordinaire

sans histoires 

une rencontre extraordinaire 

 

un plaisir simple qui aiguise tes sens 

en un instant envoûte ta présence

une odeur familière 

monte à tes narines et se répand impétueusement 

tu inspires une essence sacrée

tu as le vertige 

tu retrouves ta totalité 

 

Ce n’était pourtant qu’un fond de café 

juste une saveur de café 

pour goûter en toi l’illimité 

 

Éclosion d’amour 

dans le ciel rose

où tout se recompose

entre lumière et obscurité 

enfin tu oses vibrer 

entre la terre et les éclairs

le ciel te désire

l’eau te désire

tout te désire 

tu éclates de rire !

 

Qu’il est bon d’être près de Toi 

entre la mer et les éclairs

Toi qui me désires comme le ciel et la terre

Toi qui m’écoutes et me bénis 

par tes mains chaudes et solennelles

Tu m’offres l’énergie de Vie

Tu honores le noyau incandescent de mon âme-corps

au cœur du grand rêve d’or 

dans les effondrements du corps

dans les égarements 

de Neptune à Saturne

peu importe si Vénus ou Pluton

en chute libre 

dans les étoiles ineffables 

dans Tes mains 

je m’abandonne au divin 

 

Félicité !

 

Un mot sort et ce n’est peut-être qu’un mot mort 

ou un sortilège 

les mots vivants 

soignent des maux

mais les maléfices  

ces mots-artifices qui prennent corps 

dans ton verbe sacrilège…

 

Parler 

n’est-ce pas comme labourer une terre 

lui offrir les bons mots pour la rendre fertile ?

quand les pensées assassinent

une parole suffit pour rompre le mauvais sort

un silence est d’or aussi

pour rendre hommage aux oiseaux morts

et aux hommes qui ne chantent plus 

 

la Paix commencera

par les mots-silence 

les mots-joie 

 

Sur le seuil invisible de la fin

la lueur d’un recommencement 

quand tout s’est effondré 

tu n’as pas vu au creux de ta blessure 

l’éternité 

tu as tenté de ramasser 

tout ce à quoi tu tiens 

tu es tombé dans les épines 

 

Tu n’iras pas plus loin  

que sur le sol fertile 

des fondations intactes de ton être 

tu ravaleras ta fierté 

les rafales de ta volonté

les fleurs bleues de ton dragon en feu

tu ne regarderas plus le ciel comme s’il allait t’écraser 

tu lui offriras ton visage 

une pluie d’amour coulera sur tes joues 

tu diras adieu à ce qui n’est plus 

et tu goûteras 

à ce que tu as toujours été 

✨✨✨✨

Cécile Papillon 🦋

Poème #9

AU CREUX DE MON ÊTRE

 

Avec des perles de soleil

j’égrène le premier jour du reste de ma vie

Ô mon soleil Sole mio 

fidèle au réveil de nos visages

après les râles de la nuit 

tu nous donnes tes caresses sages

tu prends soin de notre vie 

 

Blottie au creux d’un hêtre 

j’écoute

la profondeur du silence 

le frémissement du papillon 

naïvement posé sur des ronces 

la mélodie de l’araignée qui tisse et retisse sans fin la toile 

de sa reine niée 

assise au creux de mon être 

j’ai déposé mes armes et j’ai pleuré 

 

Au-delà de la peur de risquer 

il y a la grandeur d’une promesse 

le parfum éternel 

d’une rose prête à se délester 

 

Le grand hÊtre m’entoure de sa force 

le vent sèche mes longs sanglots 

je vois celle qui se cache 

petite derrière les roches pourpre 

celle qui danse seule avec son ombre de tristesse 

depuis trop longtemps sans attache sans noblesse 

le dos courbé désenchantée

je vois celle qui a trop porté 

celle qui ne trouve plus sa voie

celle qui aimerait chanter 

 

Au creux de mon oreille 

un ange a murmuré :

 

Au bout de tes forces 

il y a un chemin lumineux 

 

À pas de loup dans la forêt  

entre dans le velours de ton âme 

verse tes douces larmes 

sur la bruyère sauvage 

respire la paix du lac

où le ciel se repose 

dépose tes rancœurs 

sur la terre humide

sens l’odeur de l’humus 

sens-tu ton humilité ?

 

Au centre du silence 

il y a une place dense 

pour ton corps 

réceptacle du sacré 

temple de la vie et de la mort 

prends-tu le temps de l’honorer ?

 

Au bord du doute

il pleut 

ta vie t’attend en stop sur la route 

tu peux tourner en rond au rond-point 

ou faire un pas de danse ce serait bien

en direction de la lumière 

regarde ce n’est pas si loin 

 

Au bout de ton courage

tu trouveras les graines que tu as planté 

les racines profondes 

de ton nouvel être au monde 

 

Même dans l’épreuve au fond des abysses

tu as le choix de vivre 

de dire merci et de pardonner 

 

Au bout du souffle 

quand tes ombres se battent pour atteindre la lune 

quand tu te blesses à chaque coup

et tu t’épuises en vain 

ouvre grand ton oeil divin 

comme une pleine lune

éclaire les ombres dans leurs décombres 

et danse avec la nuit 

l’évidence de ta lumière 

 

Au dessus des murailles de feu

vole l’oiseau en quête d’absolu

maintenant tu es libre 

fais un voeu !

 

N’oublie pas que tu es un enfant prodige 

un être sacré qui aime jouer 

exprimer risquer et manifester 

affirme-le haut et fort 

si tel est ton manifeste 

il en est de ton ressort 

oui c’est un pari 

et tu es béni 

 

Si un jour tu construis une cathédrale 

dans un champs de misère 

un chef d’œuvre de terre et de joie 

pour les familles pour les mères 

qui ont tout perdu dans les ruines de la guerre 

 

Si tu construis une cathédrale 

laisse le vent dissiper les brumes 

en haut du clocher fait briller ton étoile 

lâche la tête, compte 7 fois rien

il est temps de lever les voiles

de recouvrir d’or les failles 

sous la grande coupole

sois folle

ferme les yeux lève les bras 

tourne au milieu des milliers de fois

sous les arcs de ta conscience 

danse ta prière 

remercie la terre

le ciel est bleu tu verras 

 

Si tu ouvres grand les portes de ton cœur 

laisse entrer l’Amour 

inondé de Son souffle tu seras guidé

aies la foi et suis Sa voix

 

Tout est possible à chaque instant 

tout peut finir en un instant 

 

Simplement si tu y crois 

que choisis-tu de tisser

à chaque premier souffle sur la toile de ta vie ?

 

merci à Robert Coudray

Hervé Leprêtre 

Georgina Delicias 

Muriel Anahata 

pour votre amitié, votre lumière, vos œuvres, vos perles de sagesse

qui m’ont inspiré ce souffle poétique 

✨✨✨✨

9 octobre 2025

Cécile Papillon

 

La cathédrale du Poète Ferrailleur - Lizio

 

Poème #10

À UNE VIE NOUVELLE 

 

Un saut dans l’inconnu 

choisir une vie nouvelle

quitter des murs moisis 

prendre le risque de son intuition

sans connaître la destination 

 

Lorsque l’oiseau ose sortir de sa cage

et découvre qu’il est libre 

les sourcils rugueux se froncent

les drapeaux brandissent les frontières

les alarmes stridentes sonnent l’heure

les poings serrés se lèvent

 

Échapper aux maux dits 

du verbiage cinglant soit-disant cartésien

échapper au venin des plus reptiliens 

quand la peur de mourir dicte le chemin 

 

De bénédictions en malédictions

à l’éberluée, à la médusée à l’indomptable

on a mal dit 

lâchement 

on a lâché la main 

à cette comédienne qui exagère

qui fait des drames pour un rien

qui joue sûrement un mauvais tour 

toujours prête à faire un scandale

dans tous ses états

elle peut bien supporter l’insupportable 

porter l’insoutenable

puisqu’elle a choisi d’être hors cases 

il faut bien qu’elle se plie 

elle ne va quand même pas en mourir

qu’elle reste debout au milieu des déchets 

ces filles étranges qui rasent les murs de leurs regrets

ces sidérées folles inconsidérées 

elles n’avaient qu’à être comme c’était décidé

 

Malgré toutes ces histoires

au fond de l’être la seule voie

respirer

remercier

pardonner

 

Ensevelie dans un trou d’égoûts

J’ai été niée dans ma nécessité vitale

le cœur à l’envers de dégoût 

j’ai marché les yeux fermés sur les eaux du miracle

je n’ai pas succombé à la gravité de l’immonde 

de la norme sévère qui lacère 

j’ai essayé de rentrer dans les clous  

se boucher le nez dans cette boucherie

rester en apnée jusqu’à l’asphyxie 

 

Malgré toutes ces histoires à vomir debout

au fond de l’être la seule voie

respirer

remercier

pardonner

 

Si tu bouge un pion attention 

tu peux finir échec et mat

perdre tout pouvoir 

car il faut bien être réaliste 

on te l’a dit mille fois tu n’y arriveras pas 

bien sûr tu as de la chance parfois mais n’y compte pas 

continue à te boucher le nez dans l’impossible

sans contrefaçon ça ira 

 

Au fond de toi malgré toutes ces histoires

Respire

pardonne 

et remercie la Vie

 

Quelques génies prêts à tout ont réalisé leurs visions

leur folle sagesse pour seule victoire en oubliant les saisons 

ils ont vécu avec l’audace et la naïveté d’un enfant

donnant tout à leur création

seule issue contre la machination 

la perte de sens

l’extinction du monde 

contre les emberlifications des belles aux bois dormant 

leur courage entêté pendant des nuits entières 

à creuser penser construire chercher 

à résoudre rater recommencer 

à créer sans argent à contre courant 

eux seuls sacrifiés pour le monde entier

héros de leur vie 

Ignorés

héroïnes 

quelques unes enfermées sombrant dans la folie 

hommage à Camille Claudel 

à son coeur d’Implorante, de Chienne affamée,

à sa Valse éternelle 

 

Malgré toutes ces histoires

au fond de l’être la seule voie

respirer

pardonner 

et remercier la Vie

 

Les moulins à vent clignotent dans la nuit 

comme les yeux rouges de celles qui ont renoncé 

qui se plient à ce qu’on leur a dit 

le regard bas elles n’iront pas plus bas 

on leur a fait douter

et elles se disent peut être que finalement 

ça ne pue pas tant que ça 

alors elles se taisent 

elles avalent machinalement 

 

Au fond de l’être la seule voie

Respirer

pardonner 

et remercier la Vie

 

Comme un dimanche matin où je roulais libre et insouciante

ils m’ont arrêtée la fleur au fusil 

c’était normal 

ils m’ont mis un truc dans la bouche pour me contrôler 

ça ressemblait à un petit phallus nerveux 

ils m’ont dit de me le mettre sous la langue, de le glisser dans tous les recoins de ma bouche 

c’était un contrôle ordinaire 

d’une violence ordinaire 

mes larmes excessives

normal pour une comédienne 

normal leur rire lascif sarcastique 

de flics qui jouent à la guerre

avec une femme trop légère 

 

Où vas-tu 

contre la loi sournoise 

des armées en armures 

qui surveillent sanctionnent et dominent tout

les femmes sauvages

ils voudraient les museler

avec leur art, leurs passions peu sérieuses, leurs questions de survie 

mais quand les violons ne joueront plus 

quand les danses ne danseront plus

quand les peintures ne peindront plus

quand les chants ne chanteront plus

perlera le sang de la terre

pleurera l’aride désert

 

Et malgré toutes ces histoires

au fond de l’être la seule voie

respirer

pardonner 

remercier 

 

Vous femmes libres !

artistes en voie d’extinction 

que votre pouvoir soit sanctifié

on vous a assez sacrifiées  

ne laissez pas s’éteindre votre art 

demandez et vous recevrez

ayez la foi et vous goûterez 

aux parfums divins des roses 

aux sommets éternels 

 

Du pestilentiel au providentiel 

de toutes vos forces de vie 

demandez aux étoiles 

écoutez le grand silence du mystère

tournez-vous vers votre idéal 

dansez vos peurs 

embrassez vos sœurs 

 

Au fond de l’être la seule voie

se laisser traverser par la foi

l’Amour est notre seule loi 

 

Femmes hors du temps 

idéalistes et battantes

en rouge et noir

nous sommes bien vivantes 

en bleu blanc rouge

exigeantes, résilientes 

en or nous goûtons le pouvoir 

de nos larmes 

nous lisons les pensées des arbres

nous guérissons alchimisons dans le monde subtil  

de nos ventres généreux nous donnons la vie 

nos yonis infinies aspirant à la grande union

avec l’entièreté du corps du cœur et de l’esprit

nous accueillons en nous la conscience

nous ne croyons pas les idéologies qui gouvernent le monde 

nous nous tournons vers l’Amour infini 

assoiffées d’éternel à la source d’Isis et d’Orion nous nous abreuvons

nous venons déployer ici bas la vertigineuse utopie 

les yeux rivés sur la voie lactée 

pour ne pas succomber aux calomnies, aux ombres des fausses histoires 

inondées d’espoir 

nous marchons sur nos sentiers solidaires

porteuses de lumière pour l’humanité

nous élevons les enfants de la terre

nous vivons et prions 

pour les cieux de misère 

nous donnons sans compter en offrande

la douceur de nos mains 

enivrées en notre âme

des parfums divins de nos jardins

nous tournons en drapés blancs 

les bras ouverts au cœur des cathédrales 

nous accueillons le monde qui tourne à l’envers 

nous dansons flamboyantes 

dans le silence du vent

comme les érables rouge 

dans la beauté du soleil d’automne

ensemble nous chantons Alléluia 

nous œuvrons pour rendre visible l’invisible

nous élevons nos cœurs pour que l’Amour ne soit plus une utopie

pour voir en chaque être se manifester ce qu’il a de plus sacré 

 

Au fond de nous pour tout cela

nous respirons

nous pardonnons

nous remercions pour la beauté de la vie

nous sourions 

aux oiseaux sauvages qui s’envolent de leur cage et traversent le ciel même dans les nuages 

en direction du soleil qui se lève 

✨✨✨✨

22 octobre 2025

Cécile Papillon

 

 

Poème #11

RÉCONCILIER LE CIEL ET LA TERRE 

 

Réconcilier le Ciel et la Terre

passer à travers 

ce qui est donné à vivre d’intensité 

de peur de colère 

dans le bouillonnement du sang

dans les soubresauts de l’être 

 

L’esprit du Serpent l’enserre

la femme Sorcière 

autour de ses hanches il s’enroule

il transperce son temple jusqu’à son coeur 

il semblerait qu’il l’étrangle 

tant qu’elle ne le laisse pas entrer tout entier 

elle pourrait défaillir, se laisser mourir 

hurler qu’il va la tuer 

mais elle retrouve sa puissance 

elle accueille le serpent comme le cosmos

 

éblouissante réunion en son temple

son âme entière danse avec les forces de la lumière qui s’est faite chair 

 

Elle devient Prière 

✨✨✨✨

Cécile Papillon

24 octobre 2025